Pour nous, tout a commencé par un rendez-vous avec Ludovic et Charlotte, programmateur musical et chargée de communication de la Soufflerie. Autour d’un café, ils nous donnent carte blanche pour assister à une résidence, dessiner et faire des interviews. Ce sera GOGOGO, un projet rap 100% féminin qui nous emballe. Le jour J nous nous emmêlons les pinceaux et nous trompons de salle. Nous remontons sur nos vélos et débarquons dans une enclave pleine de vie alors que tout semble à l’arrêt.
Commençons les présentations : Ngielix , 22 ans, look girly et voix brillante, férue de philosophie, est fraîchement débarquée du TGV…
Lors de notre premier rendez-vous à la Soufflerie, en plein confinement, nous avons découvert une belle dynamique collective qui s’est traduite par la programmation de résidences et de tremplins, une des réponses de la structure pour traverser cette période difficile. En parallèle, l’équipe a créé un journal papier qui est distribué aux habitants de la ville chaque mois.

Notre immersion dans cette résidence nous permet également de découvrir les activités de La Souterraine, qui détecte et produit des musiciens de l’underground francophone. Le label permet aux rappeuses présentes de se confronter à une pratique professionnelle de la scène et de toucher des cachets pour jouer. Une vraie progression pour des musiciennes qui ne sont pas signées, ont peu ou très peu de concerts à leur actif et pas d’entourage.

Ce féminisme, nos rappeuses s’en réclament toutes, qu’il soit le thème central d’une chanson (Clito trip de Zeyna), se retrouve au détour de rimes ou transparaisse dans leur attitude. Si Angie porte fièrement ses Bisounours et ses barrettes colorées, d’autres s’approprient les codes masculins pour mieux les détourner.
En cette période compliquée, les cartes sont régulièrement rebattues. La première du spectacle GOGOGO devait avoir lieu au Printemps de Bourges l’année dernière… Avec le report, le plateau des cinq rappeuses d’origine a vraiment bougé car tout se passe très vite côté opportunités pour chacune d’entre elles. Par exemple, l’une d’entre elles a finalement participé à une série sur l’univers du rap dans Neflix. Donc de ce plateau là – Printemps de Bourges 2020 – il en reste une seule, Turtle White.
Zeyna nous surprend par son apparente fragilité, sa voix aérienne et pure qui chante pourtant des mots crus, les siens. Spontanément, elle s’improvise choriste chez Turtle et Angie… la musique s’enrichit de tous ces échanges, la connivence et l’entraide irriguent le groupe. GOGOGO devient bel et bien un collectif !
Le rap est aujourd’hui la musique la plus écoutée par les moins de 35 ans. Mais c’est quoi le rap ? Et il vient d’où ? Pas que de la ville, finalement. A travers les rencontres et concours lancés sur Instagram, le créateur de la Souterraine s’est aperçu que les musiques urbaines viennent aussi de la campagne, de milieux rurbains. Son idée est aussi d’avoir plusieurs types de rap représentés dans ce collectif. Et chacune des 5 membres a sa singularité.
Une pour toutes, toutes pour une ! C’est parti pour un concert d’un peu plus d’une heure face à de potentiels programmateurs. L’aboutissement d’un travail créatif intense… Zeyna est la première à prendre le micro.
 
Une fois le concert terminé, tout va très vite. Les valises sont prêtes, les trains n’attendront pas ! Après la photo collective et les embrassades chacun se disperse et retourne à sa vie. Pour Yelsha, Angie, Zeyna, Pearly et Turtle White le processus de maturation a commencé : nourries de cette expérience exceptionnelle elles repartent plus pros, confiantes et heureuses. Quant à nous nous traînons, adossées à un mur de la Barakason, nous discutons avec les uns et les autres, pas pressées de rentrer à la maison, peut être un peu sonnées par ces deux journées intenses. Il va falloir s’arracher et se remettre au travail…Merci à la Soufflerie, son directeur Cyril Jollard, Ludovic et Charlotte ainsi que toute l’équipe